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Pourquoi le sud-est asiatique connaît actuellement une mousson historique ?

 

Des inondations engendrant des centaines de victimes

La fin du mois de novembre est propice aux événements météorologiques extrêmes en Asie du Sud-Est. En effet, la région entre pleinement dans la saison des pluies durant cette période de l'année, saison durant laquelle les épisodes pluvieux plus ou moins intenses sur succèdent avec des conséquences parfois désastreuses pour les populations. 

Cette période de l'année marque ainsi le renforcement du régime de mousson sur une partie du continent asiatique, le sud-est du continent y étant particulièrement exposé. Néanmoins, la mousson semble exceptionnellement active cette année sur cette région avec des pluies particulièrement intenses se succédant notamment entre l'Indonésie, la Malaisie et la Thaïlande jusqu'au Sri Lanka ces derniers jours. Si les pluies de mousson ne sont pas un événement si exceptionnel à la fin du mois de novembre, c'est notamment leur intensité qui s'est avérée extrême ces derniers jours sur les secteurs cités précédemment. 

Inondations catastrophiques à Aceh en Indonésie le 30 novembre 2025 - Photographie : AFP / CHAIDEER MAHYUDDIN

 

Ces pluies exceptionnellement intenses ont engendré des inondations catastrophiques et de très nombreux glissements de terrain sur le sud-est du continent asiatique avec malheureusement un bilan humain et matériel particulièrement lourd. Le bilan humain pourrait en effet dépasser les 1000 victimes en seulement quelques jours. 

 

C'est en Indonésie et notamment dans la région de Sumatra que le bilan est le plus lourd avec au moins 503 personnes ayant perdu la vie et 508 encore portées disparues des suites des inondations et glissements de terrain. Au Sri Lanka, on recense également 355 victimes et 366 personnes portées disparues tandis que le bilan atteint 162 victimes en Thaïlande, 3 en Inde et 3 en Malaisie. 

Impressionnante vue aérienne de l'ampleur des inondations à la fin du mois de novembre à Sumatra en Indonésie - Sentinel2

 

Dans plusieurs régions comme du côté du Sud de la Thaïlande et notamment dans la province de Songkhla, ces inondations sont les pires de la décennie, ce qui explique en partie les très nombreux dégâts et victimes observées ces derniers jours. Si l'instabilité s'est heureusement atténué en ce début décembre, les autorités des régions les plus touchées ont encore un important travail de recherche à effectuer tant le nombre de personnes disparues est encore élevé. 

Inondations dans la province de Sogklha en Thaïlande le 27 novembre 2025 - Photographie : REUTERS/Athit Perawongmetha

 

Comment expliquer de telles intempéries ? 

 

Comme évoqué précédemment, cette période de l'année marque l'installation de la mousson sur le sud-est de l'Asie, une période propice aux fortes précipitations et orages successifs sur ces régions, des précipitations qui ont pour effet de rapidement saturer les sols lorsqu'elles se succèdent sur un secteur donné, ce qui a pour effet de faire gonfler les rivières et fleuves et d'engendrer des inondations plus ou moins importantes selon les secteurs touchés et selon les années. Cette année néanmoins, c'est notamment la survenue de plusieurs tempêtes ou dépression tropicales sur des sols déjà saturés par les pluies de mousson qui a eu pour effet d'aggraver le risque d'inondations entre l'Indonésie, la Thaïlande, la Malaisie et le Sri Lanka.

 

Du côté du Sri Lanka par exemple, c'est le passage du cyclone Ditwah à la fin du mois de novembre qui a favorisé la survenue de ces inondations catastrophiques, celui-ci s'accompagnant de pluies diluviennes touchant notamment l'est et le nord du pays. Entre l'Indonésie, la Thaïlande, la Malaisie, c'est également une tempête tropicale, nommée Senyar qui a engendré ces pluies extrêmement intenses à la fin du mois de novembre. Ce cyclone s'est en plus formé dans un endroit très atypique puisqu'il est seulement le second à prendre forme dans le détroit de Malacca depuis le début des observations météorologique après Vamei en 2001. 

Image satellite montrant Ditwah et Senyar en Asie du Sud-Est le 28 novembre 2025 - Meteosat

 

Avec un tel bilan humain, Senyar fut d'ailleurs classé comme le second système tropical le plus dévastateur de l'histoire du pays en Indonésie et fut également classé comme le troisième cyclone le plus dévastateur du côté de la Thaïlande. 

Ainsi, la survenue de ces phénomènes tropicaux exceptionnels sur des sols déjà saturés par les pluies de mousson de ces dernières semaines a favorisé la survenue de ces inondations catastrophiques, ceux-ci touchant en plus des régions très vulnérables à ce type de phénomènes extrêmes. 

Il est également important de prendre en compte les effets du réchauffement climatique dans ce type d'événement. Celui-ci rend en effet les phénomènes tropicaux plus fréquents et virulents et donc plus meurtriers et destructeurs. De plus, il a été prouvé que, pour chaque degré supplémentaire au niveau des températures moyennes, l'atmosphère pouvait contenir 7% d'humidité en plus, ce qui favorise la survenue d'épisodes diluviens comme ceux ayant touché le sud-est de l'Asie ces derniers jours. On a par exemple pu relever plus de 1236.6mm à Hat Yai dans le sud de la Thaïlande en seulement une semaine, ce qui représente 70% du cumul annuel du secteur ! 

 

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Auteur : Tristan Bergen

Photo de Guillaume SECHETHistoire du site Météo Lyon